Souvenir d’Olivier O

Souvenir de Corcoué-sur-Logne (samedi 20 octobre 2012)

Corcoué, c’était une nouvelle piste à découvrir et pour moi la première de la saison.

En arrivant, le temps est menaçant. Pourtant, après le traditionnel tirage au sort des karts, la manche qualificative est lancée sur une piste presque sèche.

La piste est facile à mémoriser. Grande ligne droite puis courbe rapide qui débouche sur un freinage appuyé pour un droite assez serré.

Après un petit bout droit de répit, on enchaine avec un droite assez lent mais large, puis un gauche en montée qui débouche sur une succession de « S » rapides pour revenir sur un beau virage à droite à rayon variable qui dessert la ligne d’arrivée.

Habituellement, j’apprécie ce type de conditions qui s’annoncent assez piégeuses. La piste est rapide mais avec l’adhérence moyenne, c’est un régal.

Malgré l’ambiance du site un peu triste, l’enthousiasme est donc de retour, d’autant plus que les karts marchent super bien. Enfin surtout le mien..:o)

Les premiers tours sont assez prudents, le temps de comprendre que le premier freinage du circuit, en léger appui juste après la grande courbe, est assez délicat notamment à cause de l’humidité encore persistante par endroit.

A priori, il me semble que dans ce virage une trajectoire audacieuse mais pas forcément académique, permet de tenter un freinage tardif qui pourrait faire la différence. En tout cas j’ai envie de le croire…

Le seul souci c’est qu’après le vibreur extérieur, c’est tout de suite l’herbe détrempée qui nous attend, synonyme de patinoire, mais cela je n’y pense pas encore.

Les premiers tours s’enchainent. Les « top drivers » du championnat ne m’ont pas encore menacé et comme le feeling est plutôt bon, j’essaye d’accélérer le rythme.

La piste est un billard, je me concentre surtout sur le premier virage après la fameuse ligne droite.

2 ieme passage rapide. Premier virage donc, tentative de freinage retardé, je passe plus fort qu’avant mais j’ai de la marge.

3 ieme passage rapide. Enfin sur la bonne trajectoire le freinage est (un peu trop) tardif, je pense me sortir comme souvent dans ces conditions mais bizarrement ça passe alors que je pensais me louper en arrivant bien trop vite.

Je me dis que j’ai trouvé un « truc »…

4 ieme tour. Emporté par ma toute nouvelle confiance du tour précédent, j’essaye de tutoyer la limite dans ce fameux premier virage….  super ça passe … enfin presque…

Car en fait la roue arrière gauche dérive un peu et vient taquiner l’herbe encore humide…

Et c’est parti pour un magistral tête à queue, un beau 360° qui me fait traverser une zone chaotique que je remarque à peine, vu que le kart a fini son embardée sur la piste, dans le sens de la marche, prêt à repartir.

Je peste un peu pensant avoir loupé un bon tour. Alors au prochain tour promis, je vais me refaire. Je repars en laissant derrière moi, sans m’en rendre compte alors,  une piste dans un sale état.

5 ieme tour. Je vais essayer de soigner le passage dans ce fameux premier virage. je suis hyper concentré sur mon point de freinage que je guette pendant toute la ligne droite.

J’arrive à pleine vitesse, et je me prépare à freiner encore plus tard bien positionné cette fois sur « ma trajectoire idéale ».

Et là surprise…

Mmon regard est immédiatement attiré non pas par le point de corde du virage qui s’annonce, mais par un petit groupe de bonshommes bariolés qui s’agitent à l’extérieur du virage.

j’enclenche le mode panique, et je freine déjà trop tard.

Après une bref déhanchement, aucun signe de ralentissement. La piste qui a étrangement pris une teinte marron continue à défiler sous mes roues.

Déjà, le bord extérieur de la piste se rapproche à vive allure, et j’aperçois alors les karts en vrac des pilotes KFF stationnés sur le bas côté.

Pire encore, mon kart toujours lancé à pleine vitesse semble avoir pris pour cible une combinaison bleue qui n’a rien demandé à personne. Très vite je ne vois qu’elle, le reste alors, n’existe plus.

L’instinct de survie, ou ma lucidité enfin retrouvée, me dicte un bref coup de volant pour éviter la mêlée. Je choisi sans hésitation une voie dégagée me conduisant à une belle pile de pneus sur la gauche un peu à l’écart de la zone sinistrée.

Le coup de volant est brutal et désespéré mais il me permet, une fois la pédale de frein allégée, de faire pivoter le kart et de casser la trajectoire qui s’annonçait fatale.

C’est donc à 90° que j’attaque le bac à gravier après avoir survolé aisément la première partie engazonnée du bord de piste.

Je serre le volant, (les fesses c’est déjà fait depuis un moment), et je me prépare à l’impact désormais inévitable.

A l’atterrissage, le kart pivote dans l’autre sens aidé par les graviers qui ont fait ce qu’ils pouvaient pour ralentir la bête.

Le bac à gravier a été trop bref, et c’est finalement la pile de pneus qui m’accueille.

Comme accueil c’est du brutal. L’embrassade est virile.

 

Le protège-côte rigide adoucit l’étreinte, mon petit cou craque un peu, mais accroché au volant, je finis quand même par retomber au bon endroit au fond du baquet.

Merci à la clôture qui a retenu la pile de pneus m’épargnant ainsi un aller direct pour la zone « sauvage »en contrebas.

Ne reste plus qu’à sortir de la bête fumante.

Le temps de comprendre que je suis le dernier d’une longue série de naufragés, j’ai quand même l’impression d’avoir eu pas mal de chance tout d’un coup.

Je prends l’avis des autres victimes. On compare notre erreur voire nos douleurs, on essaye de comprendre. La session semble déjà arrêtée ou terminée.

Déjà on parle de l’irresponsable qui a salopé la piste.

Pourtant c’est bien moi l’auteur de ce beau merdier.

Le staff de la piste arrive en renfort avec les quads, les cordes de remorquage et, bien sûr, leur tête des mauvais jours.

Les karts sont bien plantés dans les graviers mouillés et dans les pneus. En fait, c’est un vrai chantier. Il y a des graviers partout, de la boue, il faut même remettre les pneus de protection pour dégager les karts les plus enfoncés.

Après un long moment, le quad finit par extirper le dernier kart, le mien. Faute de pelle et de seau je déblaye ce que je peux à la main.

Bien qu’essoufflé comme une vieille bête, je me fais sermonner. Un des pisteurs me dit qu’il faut rouler plus lentement quand il pleut !!! que c’est le B.A.BA

Moi je ne sais pas quoi lui dire, je fais mon mea culpa persuadé qu’il me prend pour un bourrin de base que j’espère pourtant ne pas être.

Bon, je remonte dans le kart un peu honteux. Il démarre encore et il roule droit, les graviers claquent de partout en s’échappant du plancher.  Je rentre donc aux stands au ralenti bon dernier…

Enfin stoppé, je prends conscience de l’effervescence générale. Les vannes fusent et pourtant je crois comprendre que j’ai le meilleur temps de la session.

J’avoue ne pas trop y croire, j’ai d’abord pensé à une bonne blague de notre président taquin, toujours un peu provocateur.

Pourtant c’est vrai. « Incroyable mais vrai » aurait dit Jacques Martin (?!), j’occupe le haut de la feuille de temps.

Je comprends alors que je suis presque le seul à avoir fait un tour rapide avant l’arrivée de cette satanée coulée de boue… même les rares rescapés ont été obligés de ralentir.

Après, la pluie est de retour. La première manche et la finale s’annoncent délicates car tout est détrempé désormais.

Mais cette fois, je vais être capable de me contenir. J’aime bien la pluie surtout dans le rapide. Ayant connu le pire pendant les essais, je suis plus prudent. Ainsi malgré un tête à queue dans le peloton sans conséquence, je termine sur un quasi sans faute en gardant une position honorable pendant les deux manches.

 

Cela restera le meilleur résultat de la saison et finalement un très bon souvenir où le pire a côtoyé le meilleur.

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